Les étranges associations de Bataille à propos du soleil de midi : plus haute élévation de l'esprit vers l'abstraction mais aussi soleil incandescent engendrant la brûlure de l'œil qui aurait la folie de le fixer à son heure zénitale : "dans la lumière, ce n'est pas la production qui apparaît mais le déchet, c'est-à-dire la combustion."
L'idée n'est pas présente ici directement mais le soleil est l'astre de la dépense, l'astre le plus bataillien possible, dont la puissante et irréparable combustion est l'être même, l'état rayonnant et sans finalité ni encore moins utilité d'aucune sorte puisque ce rayonnement n'est que l'expression de sa destruction, la manifestation, secondaire, de ce qui se produit : la destruction.
C'est dans cet article que se trouve cette formule, époustouflante synthèse de l'héritage de Breton, répudié et incorporé, du surréalisme chez Bataille : "De même que le soleil précédent (celui qu'on ne regarde pas) est parfaitement beau, celui qu'on regarde peut-être considéré comme horriblement laid."
Suit une description du culte Mithriaque associant le soleil et le sang du taureau égorgé par l'officiant au-dessus du consultant, placé dans une fosse, qu'arrosait le sang du taureau : "simple moyen, écrit Bataille, de recueillir moralement les bienfaits du soleil aveuglant. Bien entendu le taureau lui-même est aussi pour sa part une image du soleil, mais seulement égorgé."
C'est l'aveuglement que Bataille associe au sang, et à l'aspersion du sang du sacrifice.
Autre association avec l'image du soleil : homme s'égorgeant lui-même. Je pense à Van Gogh se coupant l'oreille.
Et "un être anthropomorphe dépourvu de tête" (c'est Bataille qui souligne). Acéphale, donc, est une image du culte au soleil.
L'aveuglement relie encore le soleil et l'œil, et, plus intéressant, fait de l'astre lumineux un pourvoyeur d'obscurité, un astre lié au noir, le noir diurne, non pas celui de la nuit, qui reste transitoire, relatif à la lumière, mais un noir absolu.